Road-trip dans le Nord-Ouest de l’Argentine : à la découverte de Tolar Grande

Le Nord-Ouest de l'Argentine est un région qu'il ne faut manquer sous aucun prétexte : les paysages sont superbes et l'atmosphère véritablement authentique. J'ai articulé ma découverte de cette région en trois parties :

• Partie 1 : Road-trip au sud de Salta (4 nuits) dans la Province de Salta
• Partie 2 : Road-trip au nord de Salta (5 nuits) dans la Province de Jujuy
• Partie 3 : Excursion à Tolar Grande (2 nuits) depuis Salta

Dans cet article, je parle de la PARTIE 3 (Tolar Grande). Pour lire les autres parties, vous pouvez cliquer sur les liens respectifs.

Moi c'est Claire, une française qui a fait le tour de l'Amérique latine cette année, n'hésites pas à suivre mes aventures sur mon compte Instagram ou sur Facebook.

Tolar Grande est un petit village de la Puna argentine, l’une des régions les plus arides, isolées et mystérieuses de la planète. La géologie, l’intense activité volcanique, les températures extrêmes et le vent ont façonné un paysage unique et spectaculaire rendant cette région du Nord-Ouest de l'Argentine difficilement accessible, ce qui la préserve du tourisme de masse. Les paysages traversés pour se rendre dans ce petit village tout comme ses environs sont tout simplement à couper le souffle. Décider d'explorer cette région, c'est décider de partir à l'aventure hors des sentiers battus !

Il y a deux façons de visiter Tolar Grande : par ses propres moyens avec un 4x4 de location ou via une agence. Si vous choisissez de visiter Tolar Grande par vos propres moyens, vous pouvez partir de San Antonio de Los Cobres, et ainsi intégrer cette partie dans la Boucle au Nord de Salta puisqu'il s'agit d'une des étapes de cette boucle (point G sur la carte ci-dessous).
En revanche, si vous souhaitez faire une excursion via une agence, sachez que vous pouvez soit partir de Salta, soit de San Antonio de Los Cobres. Le prix est le même dans les deux cas puisque votre chauffeur part de Salta et passe vous chercher à San Antonio (et vous laissez alors votre voiture là-bas pendant la durée de l'excursion).

De notre côté, nous avons laissé notre voiture de location à San Antonio car nous avions loué notre voiture pour encore trois jours de plus (on pensait pouvoir faire Tolar Grande sans 4x4 sans s'être vraiment renseigné au préalable), et cela nous a évité de faire 3 fois le trajet San Antonio - Salta (3h de route) en 48h. Si vous choisissez cette option, je vous conseille de laisser votre voiture au poste de police, c'est gratuit. N'hésitez pas à demander à votre guide de faire l'intermédiaire pour qu'il leur explique la situation.

Ce n'est habituellement pas notre style de partir avec une agence, mais cette fois-ci, nous avons choisi de partir avec une agence pour plusieurs raisons :

• nous n'avions pas loué de 4x4 (la location d'un 4x4 était trop cher et nous n'avons pas eu besoin de 4x4 pour le reste du road-trip que ce soit pour la boucle au sud de Salta dans la Province de Salta ou la boucle au nord de Salta dans la Province de Jujuy), or, à plusieurs endroits autour de Tolar Grande il est nécessaire d'avoir un 4x4 car le terrain est instable et il est très facile de s'embourber ou de crever un pneu (je n'ose même pas imaginer crever au milieu de cette région, sans aucune possibilité d'appeler une dépanneuse en cas de soucis, d'autant que nous n'avons croisé personne sur les routes)
• il n'y a pas internet dans la région de Tolar Grande et aucun route ne s'affiche sur Google Maps, il est ainsi impossible de se repérer, d'autant plus qu'il n'y a quasiment pas de panneaux. Finalement la route n'était pas si compliquée, à part quelques intersections sans indication, mais il était très compliqué de trouver des informations en ligne donc nous avons préféré éviter de tenter le diable...
• il est très compliqué de réserver un logement là-bas, il n'y a rien sur les plateformes de réservation habituelles en ligne et la plupart des logements sont reservés pour les mineurs. Même les nombreuses agences que nous avons appelé pour l'excursion nous ont dit qu'il était impossible de trouver un logement en last minute et qu'elles ne pouvaient donc pas organiser l'excursion. Nous avons d'ailleurs dû passer la dernière nuit dans un autre village que celui de Tolar contrairement au programme initial prévu. Egalement, les températures sont très froides la nuit, je vous déconseille de dormir dans votre voiture si vous n'êtes pas équipés de bons sacs de couchage.

Nous avons eu énormément de mal à trouver une agence ainsi qu'à trouver des personnes partantes pour partager l'aventure avec nous (ce qui permettait de réduire les frais). La plupart des agences refusaient de faire cette excursion en last minute (nous nous y sommes pris quelques jours avant) mettant en avant la complexité de l'organisation (notamment au niveau de la disponibilité des logements). Finalement, nous avons fini par trouver une agence (Origins Argentina), ainsi qu'une troisième personne partante (sur le groupe des Français en Argentine).

Le 4X4 de l'agence est donc parti de Salta avec notre guide-chauffeur et notre troisième compagnon de route le matin et est arrivé à San Antonio de los Cobres vers 11H30. Nous sommes allés garer notre voiture au poste de police puis nous sommes allés manger.

Où déjeuner à San Antonio de los Cobres ? Nous avons déjeuné dans un petit restaurant local et bon marché, Quinoa Real, conseillé par notre guide. Au menu : une ambiance authentique, des empanadas à 300 pesos et des plats typiques argentins. On s'est régalé !

Nous sommes ensuite partis pour un long périple de 5h jusqu'au village de Tolar Grande, avec des paysages plus spectaculaires les uns que les autres tout au long de la route. Le décor change rapidement après San Antonio de los Cobres et nous passons des cols particulièrement élevés, dont le plus haut, le Col de Alto Chorillo, culmine à 4560m.

Nous redescendons de 1000m au gré de paysages à couper le souffle jusqu'à une grande plaine menant au Salar de Pocitos, l'une des plus grandes étendues de sel de la Puna australe, culminant à 3660m d'altitude et s'étendant sur 360km2. Au bord du Salar de Pocitos se trouve un petit village du même nom composé de 15 familles autonomes. C'est d'ailleurs ici que l'on passera la dernière nuit.
En poursuivant le trajet, on pénètre dans le magnifique Desierto del Diablo, formé par de grandes dunes fossilisées ocres âgées de milliers d'années et constituées de milliers de pointes d'argiles et de cristaux.

C'est un désert extrêmement aride, qui se situe à 3700m. C'est le type de désert froid dont les températures peuvent baisser jusqu'à -30 degrés en hiver, s'apparentant aux conditions du désert de Gobi, en Mongolie, en Chine ou au Tibet. Ce désert est entouré de montagnes aux couleurs pastels majestueuses dont le Cerro Macon qui gravite à 5611m d’altitude et qui permet aux habitants d’avoir de l’eau grâce à la neige qui tombe à son sommet l'hiver et coule ensuite sous la forme d'une petite rivière l'été. Une fois par an les habitants entreprennent son ascension pour remercier la Pachamama de ce cadeau. On entame ensuite la montée de la Cuesta de los 7 Cuervas, un ensemble de virages spectaculaires, offrant une vue extraordinaire sur tout le paysage environnant.

Notre guide a ensuite fait un petit détour pour nous montrer un chemin de fer abandonné, qui servait autrefois à l'activité minière. Tolar Grande a connu son apogée dans les années 1940, alors que la ville était le point final d'une branche ferroviaire destinée à relier Salta à Antofagasta, au Chili. À cette époque florissante, environ 5 000 habitants peuplaient la ville, principalement dédiés aux activités ferroviaires. Parallèlement, la mine La Casualidad, chargée du transport du soufre extrait de mine Julia jusqu'à la gare de Tolar Grande pour son expédition finale, était en pleine activité. Cependant, la fermeture de la mine, l'arrêt du projet ferroviaire et la clôture complète de la liaison ont eu des conséquences dramatiques sur la région. Ce déclin a conduit à l'abandon de la ville, entraînant la détérioration des conditions de vie pour les rares résidents qui ont choisi de rester malgré ces événements défavorables.

Les couleurs de fin de journée sont magnifiques et baignent le paysage d'une douceur indescriptible. On s'amuse à vagabonder sur les rails et prendre des photos avant de reprendre la route.

Juste avant d'arriver à Tolar Grande, nous nous arrêtons à l'Ojos del Mar. C’est ici que se trouvent trois mystérieux points d'eau, qui émergent du Salar de Tolar Grande comme des trésors cachés. Leur profondeur reste inconnue, mais leur couleur azur, contrastant avec le blanc du sel environnant, leur a valu le surnom évocateur de "yeux de la mer". Nous y retournerons demain midi pour avoir des couleurs plus éclatante et bien apercevoir ce bleu azur qui les caractérise, bien que l'atmosphère au coucher du soleil soit également magique. Situés au cœur du désert, ces petits étangs cristallins ajoutent une touche de magie au paysage aride de la région.

Au-delà de leur beauté exceptionnelle, ces formations géologiques contribuent significativement à l'avancement de la science en offrant des données cruciales pour éclairer les débuts de la vie sur Terre et même sur d'autres planètes telles que Mars. En effet, des chercheurs ont identifié la présence de stromatolites vivants dans ces structures, des micro-organismes préhistoriques qui partagent des similitudes avec ceux ayant peuplé notre planète il y a environ 3 milliards d'années. Ce sont les seuls stromatolites à une altitude aussi élevée. Cette découverte offre ainsi des perspectives fascinantes pour mieux comprendre l'évolution de la vie et sa potentielle existence dans des environnements extraterrestres. Cependant, il est impératif de faire preuve de précaution, car toute tentative de toucher l'eau risquerait de contaminer instantanément ce lieu naturel fragile.

Nous arrivons en fin de journée, juste avant que le soleil ne se couche, au village de Tolar Grande, situé à 3500m d'altitude. Tolar est un village ferroviaire reculé et isolé en plein milieu de la Puna. Ce village a été construit avec l'arrivée de la ligne de chemin de fer Salta-Socompa-Port d'Antogafasta au Chili, quand l'activité minière était alors à son apogée, main ne compte désormais plus que 150 habitants.

En arrivant, nous avons été cherché quelques bières dans la seule supérette du village, et nous nous sommes posés sur le toit d'un vieux train abandonné pour jouer aux cartes et observer les lumières rouges du crépuscules sur les montagnes.

Où manger à Tolar Grande ? Nous avons été mangé au "Comedor Mimi", un restaurant familial très simple, qui s'apparente plus à un salon de maison avec une télé qui résonne plutôt qu'à un restaurant à proprement parlé. La dame était adorable et l'ambiance très locale et authentique. Il n'y a qu'un seul menu et la nourriture est très basique (soupe, purée, escalope milanaise de lama).

Nous quittons Tolar après un petit-déjeuner rudimentaire dans le même endroit où nous avons mangé la veille. L'agence n'a pas réussi à nous trouver une deuxième nuit dans le village de Tolar Grande (comme c'est normalement le cas) alors nous dormirons à Pocitos sur la route retour vers San Antonio de los Cobres le soir, ce qui réduira alors la route du retour vers Salta du lendemain.

Nous prenons la direction du Cono de Arita, situé dans le Salar de Arizaro. Le Salar de Arizaro est un désert de sel est immense de 1600km2. Il est bien sûr composé principalement de de sel mais on y trouve également du fer, du marbre, du cuivre et de l’onyx.

Le Cono de Arita, également connu sous le nom de "Pyramide de Arita", est une formation géologique unique. Il s'agit d'un cône volcanique étrange et impressionnant, considéré comme l'une des géoformes les plus parfaites au monde, avec une hauteur d'environ 200 mètres. Sa singularité réside dans la coexistence de la lave noire et du sel, créant un contraste visuel saisissant. La pyramide se dresse au milieu du paysage désertique, ajoutant une note mystique à la région.

La petite balade depuis la route jusqu'au Cono de Arita est longue d'un kilomètre mais le terrain est particulièrement accidenté. Il n'y a pas de sentier et il faut marcher sur les morceaux de sels et de lave pour y accéder. Une fois au Cono de Arita, vous pouvez en faire le tour sur un sol plus agréable en terre mais vous ne pouvez pas monter en haut. En effet, le Cono de Arita est considéré comme sacré par les habitants de la région, son ascension est donc interdite.

On est ensuite retournés à l'Ojos del Mar, pour pouvoir observer ce phénomène géologique vers midi, moment où le soleil tape le plus fort ce qui permet d'observer les couleurs turquoises.

En effet les couleurs de midi sont particulièrement impressionnantes en comparaison avec les couleurs du coucher du soleil de la veille. Puisque ce lieu se situe à quelques minutes de l'entrée du village de Tolar Grande, je vous conseille d'y aller à ces deux différentes horaires pour avoir deux expériences différentes.

Après manger, nous sommes partis visiter un endroit situé à proximité de Tolar Grande également : El Arenal. Comme son nom le laisse deviner (arena = sable en espagnol), il s'agit de dunes de sable oranges qu'il faut escalader pour accéder à un point de vue. Notre guide nous a indiqué la direction et nous sommes partis crapahuter pendant une bonne heure dans les environs par nous-même. On notera d'ailleurs que notre guide s'apparente plus à un chauffeur qu'à un guide, il ne nous accompagne que rarement sur les différents lieux et reste le plus souvent dans sa voiture, il ne nous donne pas non plus beaucoup d'information de lui-même, c'est à nous de poser des questions pour avoir des informations.

On escalade donc ces dunes de sable perchées pour avoir finalement une des plus belles vues sur la Cordillère des Andes que l'on puisse avoir. Un vrai spectacle à 360 à couper le souffle qui nous laisse sans voix. Nous restons un moment là-haut à profiter de ce paysage unique. Depuis ce mirador, on peut sept volcans de la Cordillère des Andes : Llullaillaco, Socompa, Guanaqueros, Salin, Arizaro, Aracar et Pulares,

Au pied de ces dunes se trouve une grotte, la Cueva del Oso (grotte de l’ours). Là aussi, notre guide nous indique la direction et nous voilà à quatre pattes rentrés d'un côté pour espérer sortir de l'autre dans un noir complet : je vous préviens, mieux vaut ne pas être claustrophobe pour la traverser…

Nous entamons ensuite la route vers Pocitos, un autre village par lequel nous étions passés le premier jour.

Où manger à Pocitos ? Nous sommes allés manger dans le seul restaurant de la ville, très animé avec plusieurs services. A l'intérieur, ce sont exclusivement des mineurs, je suis d'ailleurs la seule fille de tout le restaurant. Ils sont assez étonnés et amusés de nous voir débarquer ici. Là aussi on a un menu unique avec une pièce de viande immense, il y a aussi un frigo avec des bières. Les mineurs viennent travailler dans les mines aux alentours pendant trois semaines à un mois puis repartent dans leur famille pour 10 jours de repos. Ils sont ainsi logés et nourris cette auberge.

C'est parti pour la route retour jusqu'à Salta. Après un petit déjeuner au même restaurant que la veille, nous prenons la route direction San Antonio de Los Cobres, sur la même route que celle empruntée à l'aller.

Cette fois-ci, on fait un détour à une ancienne mine puis au Viaduc La Polvorilla. Le Viaduc La Polvorilla, situé à proximité de San Antonio de Los Cobres, est une réalisation architecturale emblématique. Construit entre 1930 et 1932, ce viaduc s'élève à une altitude impressionnante de 4200 mètres, le classant parmi les plus hauts au monde. Cet ouvrage majestueux est étroitement associé au légendaire "Train des Nuages", qui, bien qu'il ne circule plus que deux fois par semaine, demeure un incontournable de la région. Nous avons profité de cette opportunité pour grimper jusqu'à son sommet, profitant ainsi d'une perspective vertigineuse sur les rails et sur les paysages époustouflants environnants.

On a ensuite récupéré notre voiture laissé au poste de police de San Antonio de los Cobres et déjeuner au restaurant où on avait mangé le premier jour, avant de reprendre la route direction Salta.

Sur la route retour jusqu'à Salta on s'arrête aux Ruinas St Tastil où nous nous sommes donné rendez-vous avec notre guide : c’est le village archéologique le plus important d’Argentine. Même s’il n’en reste pas grand chose, des zones de rituels sont restées intactes comme les cistas où étaient enterrés les corps des défunts. Un guide local sur place nous fait une visite guidée ce qui nous permet non seulement de contempler les vestiges de l'ancienne civilisation, mais également d'appréhender les rituels et les coutumes qui ont façonné la vie de la communauté autrefois présente. C'est une expérience intéressante qui nous éclaire sur l'histoire ancienne de l'Argentine et offre une perspective fascinante sur la vie quotidienne de cette civilisation disparue.

Et nous voilà de retour à Salta : la boucle est bouclée et c'est la fin de notre voyage en Argentine ! Direction désormais le Nord du Chili en bus, pour partir à la découvert du Désert d'Atacama !

Bon plan : Pour en apprendre davantage sur la région, je vous conseille de faire une visite guidée gratuite de Salta. C'était très intéressant !

J'espère que cet article vous a plu et vous a donné toutes les informations nécessaires pour passer le meilleur road-trip possible en Argentine ! Si c'est le cas, n'hésitez pas à me laisser un petit message sur mon compte compte Instagram ou sur Facebook, ça fait toujours plaisir de voir que mes articles vous servent lors de vos voyages !

Pour rappel, lors de mon road-trip dans la magnifique région du Nord-Ouest de l'Argentine, j'ai articulé mon voyage en trois parties :

• Partie 1 : Road-trip au sud de Salta (4 nuits) dans la Province de Salta
• Partie 2 : Road-trip au nord de Salta (5 nuits) dans la Province de Jujuy
• Partie 3 : Excursion à Tolar Grande (2 nuits) depuis Salta

Cliquez sur les différents liens ci-dessus pour découvrir les autres articles dédiés à la boucle Sud et Nord de Salta, et clique sur la vidéo ci-dessous pour voir les 10 plus beaux spots de ce périple !