L'ascension du Mont-Blanc : récit de mon expérience

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France

Le Mont Blanc, ça me faisait rêver depuis un moment... mais ça me paraissait si grand, si mystérieux, si difficile. Et puis un jour vers la fin du mois de juin 2020, j'ai eu un déclic : je gravirai le Mont-Blanc cet été. Je ne sais pas si ce sont les mois de confinement qui m'ont donné envie de tenter cette expérience mais j'avais vraiment besoin de prendre le grand air et de me lancer un nouveau challenge, j'avais soif d'aventure. Et c'est une aventure que je voulais vivre seule, me retrouver avec moi-même et dépasser mes limites. Je n'en ai d'ailleurs parlé à quasiment personne avant l'ascension, ce qui permet aussi d'éviter trop de pression de son entourage.

J'ai appelé plusieurs organismes à la recherche d'une place de libre début aout, sans vraiment avoir conscience de ce qui m'attendait. Le soucis c'est que je n'avais pas de partenaire de cordée (pour le Mont Blanc ce sont des cordées de 3 dont 1 guide). J'ai laissé mes coordonnées à plusieurs organismes en expliquant mon cas... sans vraiment y croire. Et puis une semaine plus tard, alors que j'avais presque oublié l'idée, on me rappelle : une autre personne cherchait également un partenaire de cordée ! Ni une, ni deux, je valide ma participation auprès de l'organisme : c'est parti, cet été je tenterai l'ascension du Mont Blanc.

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Arrivée à Chamonix

Trois semaines plus tard, je prends la direction de Chamonix et je passe quelques jours à randonner dans les montagnes de Chamonix, je réalise mon premier bivouac solo en altitude, et m'essaye à la Via Ferrata pour la toute première fois.

Acclimatation & randonnée au Lac Blanc
Bivouac à 2300m
Bivouac à 2300m
Via Ferrata Les Evettes

Après ces quelques jours à vadrouiller dans les montagnes, je retrouve la personne avec qui j'allais partager ma cordée : Gabriela, une Roumaine qui est en stage de médecine à Paris. Elle ne parlait pas très bien français mais on on a tout de même réussi à se comprendre et à sympathiser. Elle était super motivée, tout comme moi, à gravir le Mont Blanc, et c'était l'essentiel !

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Veille de l'ascension : Préparation et école de glace

Je n'avais jamais fait d'alpinisme auparavant (j'avais déjà marché un peu en crampons sur un glacier en Norvège mais ça s'arrêtait là). Raison pour laquelle j'ai choisi une formule avec une Ecole de Glace la veille de l'ascension pour apprendre toutes les techniques d'alpinisme. On rejoint notre guide, un italien d'une trentaine d'années, vers 8h (pour éviter la cohue de touristes qui arrive vers 9h) à la station de tramway du Montenvers où nous prenons le mythique petit train rouge pour une journée d'apprentissage sur la Mer de Glace : je raconte ma journée en Ecole de Glace dans cet article et réponds à toutes les questions que l'on peut se poser sur l'école de glace.

Pour résumer en quelques phrases, nous avons appris à nous servir des crampons et du piolet pour pouvoir progresser en sécurité sans risque de glissade. On s'est entrainées à marcher encordées sur le glacier et à maîtriser la technique de la corde tendue, le tout sur des pentes de plus en plus pentues au fur et à mesure de la journée. On a aussi fait quelques rappels et appris les techniques de sauvetage en cas de chute dans une crevasse.



Au final une belle journée ensoleillée dans un cadre exceptionnel (quel bonheur de découvrir la Mer de Glace de cette façon) mais qui restait tout de même éprouvante physiquement et mentalement : beaucoup de choses à retenir, un peu de pression de la part de notre guide pas toujours patient, des exercices compliqués sur des murs de glace à la verticale,... je me rends compte de la difficulté qui m'attend le lendemain, mais je reste confiante, et excitée comme jamais à l'idée de la journée du lendemain !

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Jour 1 : montée au Refuge de Tête Rousse (3167m)

Après une nuit dans un hôtel à Chamonix (Pointe Isabelle, superbe hôtel dans le centre réservé par l'organisme par lequel je suis passée), nous retrouvons notre guide vers 10h30 et nous partons direction les Houches. Ma compagnon de cordée se rend compte qu'elle a oublié ses lunettes de soleil une fois aux Houches... notre guide s'énerve rapidement, je commence à cerner un peu sa personnalité. Elle va en acheter au magasin de sport à côté du télésiège et nous prenons le Téléphérique de Bellevue (1794m) puis un Petit Train de montagne (le premier Tramway du Mont Blanc) jusqu'au Nid D'Aigle (2410m). La beauté du paysage depuis le wagon est sans précédent, et la vue une fois arrivée au Nid D'Aigle me laisse bouche bée : des montagnes verdoyantes, des lacs en contrebas, les sommets blancs au loin... c'est magnifique.

Après quelques instants à contempler le paysage, il est désormais temps de passer aux choses sérieuses : 795 mètres de dénivelé positif nous attendent jusqu'au Refuge Tête Rousse où nous passerons la nuit à 3167m d'altitude. Il fait un temps magnifique et les températures sont très agréables, le sol est rocailleux et la montée peut s'apparenter à une randonnée classique.

On arrive au Refuge de Tête Rousse en fin d'après-midi au bout de 2h30 de randonnée. C'est un refuge assez traditionnel, avec une belle vue panoramique. J'en profite pour me reposer et profiter de la vue depuis le Refuge, j'aperçois les montagnes enneigées et au loin le Refuge du Goûter, où je passerai la prochaine nuit, et bien sur le Mont-Blanc. On mange un repas servi par le refuge et on discute un peu avant de retrouver les dortoirs et aller dormir vers 21H. Je réussis à m'endormir vers 21h30/22h.

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Jour 2 : ascension du Mont Blanc et nuit au Refuge du Goûter

Réveil 4h30. C'est le jour J ! Je suis à la fois stressée et excitée. C'est un total de 2636m de dénivelé cumulé (3167m > 4810m jusqu'au sommet puis 4810m > 3817m) qui nous attend aujourd'hui. Plus de 10h d'effort intense où il faudra redoubler d'attention. On prend un petit déjeuner servi par le Refuge et on part sur les coups de 5h alors qu'il fait encore nuit, en s'éclairant à l'aide de notre lampe frontale.


Premier objectif : le Refuge du Goûter. Il faut compter environ 2h30 pour l'atteindre. Sur le chemin, le passage tant redouté du couloir du Goûter (aussi appelé "Couloir de la Mort") avec ses nombreuses chutes de pierres qui causent la mort de plusieurs personnes chaque année. C'est le passage le plus dangereux de l'ascension à cause des roches plus ou moins volumineux qui dévalent fréquemment ce couloir. Plus on le passe tôt, plus les températures sont froides et moins on a de risque d'avoir de chutes de pierres. Pendant une cinquantaine de mètres, il faut se concentrer sur ses appuis et accélérer la cadence (sans courir) tout en restant extrêmement vigilant.

Une fois cette étape franchie, nous continuons notre progression dans la pénombre sur une pente rocheuse, et escaladons de gros rochers à l'aide de câbles. Moi qui suis habituellement très à l'aise sur les parties de randonnée qu'il faut escalader, je me rends compte que c'est bien plus compliqué lorsqu'on est encordé. En effet toute la difficulté consiste à évoluer tout en maintenant la corde tendue en cas de chute dans le vide. Ça grimpe dur et je sens mon pouls s'accélérer. C'est un passage assez stressant et notre guide le rend encore plus stressant en nous pressant sans cesse et en nous engueulant dès qu'on fait quelque chose de travers. Un peu avant d'arriver au Refuge du Goûter, on aperçoit un grand glacier couvert de neige, alors que le soleil se lève doucement, et on enfile les crampons après un passage sur une échelle métallique : il est temps de mettre en application les techniques apprises sur la mer de glace.

7h30 : arrivée au Refuge du Goûter, qui trône fièrement à 3815 mètres d'altitude, tel un OVNI sorti d'une autre planète avec son architecture métallique insoupçonnée. On décharge les affaires au maximum pour continuer les plus légers possibles et on les place dans des boites prévues à cet effet. Notre guide veut enchainer sans s'arrêter mais un guide d'une soixante d'années, bienveillant, lui dit de nous laisser faire une pause café pour boire quelque chose de chaud avant d'attaquer l'ascension. Merci à lui ! Honnêtement, j'ai du mal à comprendre pourquoi il est si pressés, c'est le meilleur moyen de nous fatiguer. Dans tous les cas, on dort au Refuge du Goûter le soir même, et de nombreux alpinistes commencent même l'ascension depuis le Goûter vers 16h (ceux qui le font à la journée et dorment ensuite au Refuge lorsque le temps n'est pas clément le lendemain)... il n'est même pas 7h30, on a la journée devant nous.

8h15 : on quitte le Refuge du Goûter. Le temps commence à s'assombrir et un brouillard apparait, on enfile le masque de ski. Nous passons le dôme du Goûter, un vrai désert de glace en pente raide. Nous arrivons au sommet du Dôme, c'est bon le cap des 4000 est franchit ! On redescend un peu de l'autre côté et nous apercevons la suite. L'étape suivante c'est le Refuge Vallot, situé à 4362 mètres, ce n'est pas un Refuge classique, il s'agit plus d'un abris, où il n'est même pas possible de dormir, mais c'est parfait pour se réchauffer un peu et manger quelque chose avant de repartir. Il est situé au dessus d'une pente verglacée et glissante que nous grimpons en redoublant de prudence. Encore 500 mètres de dénivelés et on y est !

11h : Le soleil et le ciel bleu sont de retour. Cela fait maintenant 6h que nous sommes partis du Refuge de Tête Rousse et nous voyons de plus en plus de gens faire demi-tour (y compris des hommes à l'allure très sportive) nous sommes à bout de souffle, c'est très dur, très très dur. Cardio, altitude, technique... A cette altitude chaque pas demande deux à trois fois plus d'énergie. Franchement on ne se rend pas compte à quel point c'est dur physiquement jusqu'au moment où on le vit. Mais les paysages somptueux environnants me motivent comme jamais. Les pentes de glace vertigineuses, les montagnes enneigées environnantes et le ciel bleu me donnent l'impression d'être dans un rêve, et c'est d'ailleurs un rêve que je vis, je suis en train de faire l'ascension du Mont Blanc, et malgré le fait que je sois à bout de force, je veux absolument aller jusqu'au bout ! C'est la dernière étape. Il ne nous reste "plus que" l’arête des bosses et enfin le sommet !

12h : Et là c'est le drame, à 2h de l'arrivée au sommet, ma compagnon de cordée est à bout de force. Le regard vide on a l'impression qu'elle va s'évanouir à tout moment... Je dis à mon guide qu'il faut qu'on se repose, qu'on attende un peu de temps avant de repartir... mais rien n'y fait, mon guide et sa patience légendaire nous dit qu'il faut redescendre, que de toute façon on est crevées et qu'on ira pas plus loin. Je lui dis que peu importe le temps qu'on met, le but est d'aller là haut, quitte à faire des pauses très régulières pour reprendre notre souffle. Mais rien n'y fait, si proche du but et après tout ce chemin parcouru, il nous impose de faire demi-tour. Ma compagnon de cordée n'essaye pas de le convaincre et décide d'abandonner. Je suis alors seule contre eux deux et je n'ai pas d'autre choix que de me résigner et faire demi-tour. J'ai envie de pleurer, je suis dégoutée... Je suis moi même à bout de souffle, mais tout se joue au mental et je peux encore continuer ! Après 7h d'effort, ça me parait inconcevable de faire demi-tour à 2h du sommet... mais je n'ai pas le choix, c'est ça aussi la cordée on dépend des autres, on a besoin d'eux comme ils ont besoin de nous.

Au même moment je vois passé une fille de mon âge, Thaïs, seule avec un guide (ce qui est très rare vu que ce sont des cordées de 3). Elle me dit que son compagnon de cordée (son père) a du abandonner (mais elle a eu de la chance car il s'est arrêté à Vallot et a été récupéré par des guides suisses qui redescendaient au Goûter, elle a donc pu continuer avec son guide).

Je leur demande si je peux rejoindre leur cordée, le désespoir devait surement se sentir dans ma voix car après un moment d'hésitation, ils ont gentiment accepté que je rejoigne leur cordée ! J'ai vraiment eu de la chance (mon guide m'a dit le soir qu'il n'aurait jamais accepté si ça avait été lui).

L'aventure peut continuer, plus motivée que jamais (mais toujours au bout de ma vie). Cette fois-ci je n'ai pas le droit à l'erreur, hors de question d'abandonner étant donné le contexte, jamais je ne me pardonnerais d'avoir gâcher son ascension à devoir redescendre, alors je prends encore plus sur moi pour avancer à un bon rythme et tenir le coup. On passe l'arrête des Bosses (4510m) , une arrête vertigineuse d'une blancheur éclatante. On est épuisées, mais on tient le coup, sous les encouragements de Ben, notre guide. Ben est tout l'opposé de mon autre guide. Dans la bonne humeur, il nous a motivé jusqu'au dernier pas, n'hésitait pas à faire des pauses pour que l'on reprenne notre souffle, des blagues pour nous remonter le moral et nous encourageait quand on était à deux doigts d'abandonner,...

14h30 : On arrive au sommet sous un soleil magnifique et un ciel bleu, on y est, c'est bon, enfin !! Je suis tellement heureuse ! C'est un moment magique, que je partage avec mes nouveaux compagnons de cordée, encore des inconnus quelques heures plus tôt !



Après une petite demi-heure passée au sommet, il est maintenant temps de redescendre. J'ai vécu le retour beaucoup plus facilement que l'aller (forcément ça descend) et j'ai pris un vrai plaisir à descendre et à observer le paysage, malgré le fait de ne plus avoir de jambes ! Dans la bonne humeur, on discutait et on rigolait avec mes compagnons de cordée, sous un temps de rêve, tellement heureux d'avoir atteint le sommet ! On revient au Refuge en 2h30 et cette fois-ci la carotte ce n'est pas le sommet mais la bière au refuge !!

Le mythique Refuge du Goûter

17h30 : Arrivée au Refuge du Goûter Je rejoins ma compagnon de cordée de ces derniers jours qui n'a pas le moral, elle est dégoûtée. Je suis un peu en colère contre mon guide, mais le fait d'avoir tout de même atteint le Mont Blanc avec un autre guide me calme. Je retrouve également mes nouveaux amis du jour. On mange un repas au Refuge du Goûter. Fatiguée mais heureuse, je sors observer la vue et l'architecture du bâtiment depuis la plateforme métallique qui entoure le Refuge. J'en profite également pour appeler mes proches (et leur annoncer la bonne nouvelle) tout en observant un coucher de soleil somptueux, surement l'un des plus beaux couchers de soleil de ma vie.

Je t'invite à lire mes autres articles sur le Mont Blanc ici (récit de mon ascension), ici (comment préparer son sac) ou encore ici (mon école de glace sur la mer de glace). Et si tu aimes la montagne et les défis un peu fous, je t'invite à me suivre sur Instagram


21h : Extinction des feux, je m'endors plus facilement que la veille (avec 12h intense dans les jambes) en réalisant peu à peu la journée qui vient de se passer.

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Jour 3 : Redescente en Vallée depuis le Refuge du Goûter

Réveil : 5h : Une nuit à 3817 mètres qui s'est parfaitement déroulé. Ils est désormais temps de redescendre à Chamonix après un petit-déjeuner pour nous donner l'énergie nécessaire !

Ce fut un début de matinée très technique. Tout d'abord nous avons eu un vent très fort. Sur le premier passage d'une vingtaine de minutes encore enneigé, on était obligés de se mettre assis sur les arrêtes glacées vertigineuses avec le piolet bien enfoncé dans la neige pour ne pas s'envoler et tomber... j'ai eu très peur. Ben, mon guide de la veille, est même descendu en deux fois en descendant encordé un à un Thaïs et son père. Ensuite, nous avons du repasser le fameux couloir du Goûter... avec toujours les mêmes appréhensions. Malgré le fait que ce soit en descente et du coup forcément plus agréable niveau rythme cardiaque, avec la fatigue de la veille et les genoux en compote, il faut tout de même redoubler d'attention, et les passages d'escalade en descente sont encore plus techniques qu'en montée.

Une fois arrivés au Refuge de Tête Rousse vers 7h30 on prend le petit déjeuner, la partie la plus technique est derrière nous. On peut donc prendre notre temps et revenir tranquillement en Vallée. Bien sur, c'est sans compter notre guide qui trouve tout de même le moyen de nous presser pour ne pas qu'on loupe le tramway (sauf qu'il y en a toutes les heures, donc au pire on peut juste prendre notre temps) ! Décidément, je commence à en avoir vraiment marre de lui. De Tête Rousse au Nid d'aigle (1445m de dénivelé négatif), le sentier est plus facile même si il est assez rocailleux et qu'il faut faire attention en descente. C'est là que les bâtons sont d'une grande utilité ! J'ai les genoux qui me font de plus en plus mal mais je profite tout de même du paysage magnifique et de la vue en contrebas. Une fois au Nid d'aigle on prend le tramway pour redescendre en haut de la télécabine de Bellevue puis aux Houches en télécabine.

Pique-nique le premier jour

11H: arrivée aux Houches, on aura mis un total de 5 heures à tout redescendre à pied jusqu'au Nid d'aigle depuis le Refuge du Goûter.


ALELUIA ! C'est bon ! Je suis arrivée bas ! Je l'ai fait !! Alors peut-être pas d'une traite ou à un rythme soutenu, mais peu importe : ce qui comptait pour moi c'était de grimper jusqu'en haut, et quand je sais que seulement 50% des personnes qui tentent l'ascension réussissent à atteindre le sommet , je suis super fière de moi !! Après une pause déjeuner rapide à Chamonix, j'ai 6h route pour rejoindre des copines en vacances... arrivée prévue 22h, j'en connais une qui n'a pas fait long feu après quelques verres !


Si cette aventure t'a plu, tu peux me suivre sur Instagram pour découvrir mon univers et mes autres challenges !

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